Comment une personne accède-t-elle à un état second, pour activer cette qualité libératrice de l’être lors de la création et de la présentation d’une performance ? Voilà ce que recherche Gaël L. à travers son travail intitulé, ‘Ménade’. L’inspiration est venue d’une image du photographe et blogueur Dimitris the Athens, une femme nue qui symbolise la Ménade moderne – les ménades, dans la Grèce antique, étaient des nymphes au service du dieu Dionysos. Leur nom signifie les « délirantes », qui indique l’état second dans lequel elles vivaient, lié à la transe, à l’hystérie, à l’orgie. Cette qualité d’être, l’énergie que cela crée est ce qui intéresse Gaël L., et c’est sur ce thème qu’il mène ses recherches au sein de TryAngle. Le deuxième jour du Labo, en compagnie d’un groupe d’artistes, il propose de chercher un moyen, une pratique, pour atteindre ce but ; dans la continuité de l’esthétique dans laquelle il travaille habituellement – la femme nue, l’image de la peau, le sang… – et, en parallèle, en essayant de trouver une voie différente, une manière de matérialiser ses idées. À l’origine, la photo de la ‘Ménade’ est une critique de la Grèce actuelle, en crise. Et c’est aussi la perspective dont Gaël L. veut rapprocher son sujet, au final. Dans l’esprit de TryAngle, il sera peut-être possible d’accéder à un état de liberté réelle, exprimée par une énergie de danse, de mouvement, d’expression, qui forme un écho avec la ‘Ménade’, avec une sorte de transe, de mouvements incontrôlés. Cela pourrait devenir une dénonciation des contraintes, de la décadence et de la manipulation de la société économique contemporaine. Et au premier jour de l’expérimentation, sur la scène du théâtre de la Gare Franche, suivant une proposition de Yanniv Cohen, le groupe a travaillé en atelier fermé, et derrière les portes closes, ils ont tenté d’établir un niveau de confiance mutuel, de conscience du corps et de fatigue physique, pour avoir un point de départ partagé en vue de potentiels développements futurs.